Après Benoît, c'est Marine qui prenait le relais, toujours sur les bords de la Loire, pour nous présenter les Ardoisières de Trélazé. Voici sa visite qu'elle nous a gentillement traduite en français ! Thanks Marine ! A la Daguenière, on quitte l’Anjou blanc et ses maisons en tuffeau pour entrer dans l’Anjou noir et la ville ouvrière et ardoisière de Trelazé : la plupart des toitures d’ardoises des plus beaux châteaux de la vallée de la Loire proviennent des carrières de Trelazé, tout comme 70% du marché français. Pourquoi Trelazé ? => Pour son sol riche en schiste ardoisier Les schistes ardoisiers résultent de la transformation de couches sédimentaires océaniques plissées par des mouvements tectoniques et dont les structures chimique et cristalline sont modifiées en phase solide par les contraintes mécaniques et thermiques consécutives à ces mouvements. Cette genèse suppose une certaine profondeur d'enfouissement mais les évolutions subséquentes, en particulier l'érosion peuvent amener la roche en surface. Elle subit alors une détente dû à la perte de son eau et devient sensible aux agents atmosphériques et biologiques qui la dégradent… => Pour sa position stratégique, tout proche d’Angers et de son port commercial, pouvant ainsi rejoindre le marché parisien. A l’entrée dans la ville, c’est ainsi tout un paysage de carrières présent depuis presque 14 siècles qui est à découvrir : en effet, il est dit que St Lézin (saint patron des ardoisiers) y aurait développé cette activité au VIème siècle. Petite légende :Lézin lisait l'office au bord de la carrière et suspendit à l'occasion la chute d'un rocher qui, sans cette heureuse intervention, aurait brisé et mortifié quelques laborieux perreyeurs. Les traces « tangibles » remontent au VIIIème siècle, des tombeaux carolingiens en ardoise ayant été trouvés dans la région. Au Moyen Age, les carrières sont propriétés des abbayes et exploitées par des entrepreneurs qui louent les terres. Les résultats économiques sont médiocres ;les lieux d’extraction sont choisis sans analyse préalable et souvent se révèlent peu concluants, donnant lieu à des abandons de chantier fréquents. L’expansion de l’industrie ardoisière sera seulement au XIXème siècle : En 1826, les entrepreneurs, qui possèdent désormais les terres industrielles, s’associent au sein de La Commission des Ardoisières d’Angers. L’activité s’organise, les prix sont fixés (tables de billard, ardoises de couverture…) Elle sera bientôt concurrencée par la Société des Ardoisières d’Angers, la seule qui continue à extraire de l’ardoise aujourd’hui, du « seul » puits en activité : le puits Monthibert, dans la carrière des Grands Carreaux, à la sortie de Trelazé en direction de la levée. 250 ouvriers y travaillent. Les autres carrières aujourd’hui abandonnées sont plus ou moins converties : en stade par exemple ou comme « support » au musée de l’Ardoise créé par d’anciens « perreyeux » de Trelazé, dont l’artiste, graveur sur ardoise, Marcel Goacolou. Ce musée expose des outils, des machines et propose des démonstrations de fendage de l’ardoise à l’ancienne. Le déclin de l’industrie de l’ardoise : Elle connut une première crise après la Seconde Guerre mondial, qui fut avant tout une crise pour les ouvriers, dont les licenciements furent nombreux : acquisition de machines plus performantes et le déplacement des activités de fendage dans de grands bâtiments, type usine. En effet, auparavant, l’ardoise était travaillée dès son extraction dans de petits ateliers en plein milieu de la carrière, propriétés des ouvriers qui étaient obligés d’acheter l’ardoise à mettre en forme aux entrepreneurs, pour leur revendre ensuite. La qualité de celle-ci étant aléatoire, les salaires l’étaient aussi…Les déchets étaient tout simplement stockés à côté des ateliers, ce qui donne lieu aujourd’hui à toutes ces buttes d’ardoises autour des carrières. La seconde crise, eut lieu dans les années 80, tout comme celle du textile, en raison de la concurrence étrangère, notamment espagnole. Les différentes techniques d’extraction de l’ardoise : Les premières exploitations d’ardoise à Trelazé furent des exploitations à ciel ouvert : les veines d’ardoises étant disposées pour la plupart verticalement, l’extraction se faisait également de manière verticale. Les blocs d’ardoise ainsi que les déchets étaient retirés de la carrière au fur et à mesure, afin de poursuivre l’extraction, ce qui pouvaient donner lieu à des carrières de 90m de profondeur. Cette méthode cessa d’être utilisée à la fin du XIXème siècle (il ne reste aujourd’hui de ces anciens fonds d’exploitations que des « lacs » artificiels créés par les intempéries), au profit de l’exploitation souterraine. Sur la route des ardoisières, on peut observer des échafaudages, qui se trouvent en réalité au-dessus d’un puits d’extraction donnant accès à des chambres souterraines, aérées par des cheminées. Les blocs d’ardoise y sont dégagés à la dynamite et transportés au fur et à mesure à la surface à l’aide d’un « monte-charge ». Les chambres s’agrandissent ainsi peu à peu, le plafond devient une espèce de voûte d’ardoise, qui, en « vieillissant » peut s’écrouler à tout moment. C’est une des raisons pour lesquelles l’industrie de l’ardoise fut une des plus meurtrières des industries minières ; parallèlement, la poussière due aux explosions provoqua la schistose chez de nombreux ouvriers à la retraite. Tout ceci explique la colère des syndicats et les mouvements de grève de la fin du XIXème : les ouvriers de l’ardoise n’avaient même pas le statut de mineur à part entière. Par ailleurs, beaucoup étaient issus de l’immigration (bretonne puis italienne, espagnole…), ce qui rajoutait à leur précarité. Aujourd’hui, on utilise toujours la méthode souterraine, mais de façon un peu différente, à savoir en remontant : l’extraction est commencé plus bas, les déchets ne sont plus transportés à la surface pour creuser davantage mais laissés au fond, on creuse en remontant, les risques d’éboulements ont quelque peu réduit… LEXIQUE FRANÇAIS-ANGLAIS => Ardoise : slate => Schiste ardoisier : argillaceous schist => Carrière d’ardoise : slate quarry => Fendre (de l’ardoise) : to split ; les fendeurs : the splitters => Commission des Ardoisières : Commission of the Slate Quarries => Société des Ardoisières d’Angers : Company of the Slate Quarries of Angers => Puits : shaft => Les Grands Carreaux : the Great Tiles => Exploitation à ciel ouvert : open air quarry => Une veine : a vein => Echafaudage : scaffolding => Chambre souterraine : underground chamber => “monte-charge”: hauling box => Extraire : to extract (easy!)