CHATEAU D’OIRON (79)
(ANNE)
Introduction
Ce château a été marqué durablement par la famille Gouffier, dont chaque membre a apposé son empreinte sur l’édifice. A travers les 3 ailes du château, on peut retracer l’histoire de la famille ainsi que la diversité des influences architecturales des époques.
L’essentiel du château date du XVIIe siècle, sauf l’aile gauche et le grand escalier intérieur qui remontent au XVIe.
1e partie : Guillaume Gouffier
L’histoire du château débute dans la seconde moitié du XVe s, quand Guillaume Gouffier, valet de chambre de Charles VII, reçoit du roi la terre d’Oiron (entre autres), en échange de sa brillante carrière. Il fait d’Oiron sa résidence principale car le château n’est pas loin du Val de Loire.
Il faut imaginer que le château avait 4 ailes et que la cour était donc fermée par une quatrième aile avec l’entrée principale et un pont sur les douves. Il y avait également une tour à chaque coin, et un escalier hors-œuvre sur le corps de logis.
2e partie : Artus Gouffier
A la mort de Guillaume fin XVe, son fils Artus hérite de la propriété. Il gagne la confiance de Louis XII puis de François Ier dont il a été le gouverneur (quand François Ier n’était que comte d’Angoulême). Sa réussite entraîne celle de ses frères, qui occupent des postes éminents.
A la suite de la bataille de Marignan et des guerres d’Italie, il est fait comte de Caravas (Charles Perrault s’inspirera de ce nom pour son personnage du marquis de Carabas dans le Chat Botté).
Il décide d’ériger le RDC du corps de galerie et la chapelle (aile gauche). Bien qu’il se soit rendu en Italie, il ne semble pas avoir été particulièrement séduit par les formes antiques, car l’aile gauche porte les traces de la fin du gothique : arcs en anse de panier, moulures en spirale des contreforts-colonnes, nervures de la voûte. Les seuls éléments de la Renaissance sont les chapiteaux des contreforts et l’encadrement des deux petites portes (pilastres surmontés de griffons).
3e partie : Claude Gouffier
Quand Artus meurt prématurément, son fils Claude lui succède. Claude, qui a eu une glorieuse carrière militaire, bénéficie des faveurs royales sous François Ier, Henri II, François II et Charles IX. Il porte le titre de grand écuyer de France.
Il décide d’entamer de grands travaux : en 1540, il fait démolir le tiers gauche du corps principal et construit à la place un nouvel escalier, un logis et un pavillon d’angle. Il achève également le corps de galerie et la chapelle entamée par son père.
A l’étage de la galerie, on remarque les contreforts ornés de niches, qui prolongent les contreforts-colonnes du RDC. Les hautes lucarnes permettent de souligner la verticalité. Cette façade comporte de nombreux éléments de référence à l’art de Fontainebleau : médaillons d’empereurs, couronnes de fruits et de légumes, termes en terre cuite.
On peut voir la devise de Claude Hic terminus haeret, phrase tirée de l’Enéide de Virgile, et qui signifie Ici est la fin. Associée aux termes dans les niches, elle vise à rappeler la fin de toute vie humaine. En effet, au XVIe, le dieu Terme devient une image symbolique de la mort.
Claude restaure également la tour nord appelée Tour de l’Epée, car elle porte l’épée royale symbole de son pouvoir de grand écuyer. Il installe aussi une fontaine au centre de la cour.
Il faut savoir également que Claude avait un goût prononcé pour les arts : c’est lui qui a fait peindre la galerie du 1e étage en 1546. Il possédait une collection de peintures, d’objets d’art (tapisseries, vaisselle d’argent, livres de piété) et protégeait les artistes.
Son train de vie faste conduit à la vente de nombreux biens.
4e partie : Louis Gouffier
Louis Gouffier quant à lui décide de reconstruire de corps de logis : il commence avec le grand pavillon à bossages appelé pavillon du Roi. Puis il refait la partie centrale construite par Claude, tout en conservant l’escalier.
5e partie : François d’Aubusson, duc de La Feuillade
Le château passe ensuite par un jeu d’alliances, aux mains de François d’Aubusson, duc de La Feuillade, qui termine les travaux de Louis Gouffier.
Il réalise un corps central d’ordonnance classique et obtient, en pendant du pavillon du Roi, un autre pavillon d’angle dit « des Trophées » : on voit les groupes au-dessus de la balustrade.
Face à la galerie Renaissance, il crée un portique ouvert terminé par une tour, ouvre la cour du côté de l’entrée, en aménageant une avant-cour dans son axe.
6e partie : Mme de Montespan
Cependant, il préfère ensuite s’intéresser à ses propriétés parisiennes, et en 1700, le château est vendu à Mme de Montespan pour son fils le duc d’Antin.
Elle installe ses appartements dans le pavillon des Trophées et fait ériger la Tour des Ondes pour faire pendant à la Tour de l’Epée.
Décadence et rachat par l’Etat
Par la suite, Oiron amorce une longue décadence : ses propriétaires se succèdent mais ne peuvent l’entretenir.
Après la Révolution, on rend habitables certaines pièces, on en laisse d’autres à l’abandon. L’architecte Daviau engage une campagne de restauration de 1869 à 1877, il restaure les façades et les appartements du RDC.
Finalement, Oiron devient propriété de l’Etat en 1943, après avoir été classé MH en 1923.
Aujourd’hui, l’Etat assure sa sauvegarde. Le château ne contient plus ses meubles d’origine, qui ont été dispersés à travers les héritages.
En 1990, l’idée de le remeubler et de reconstituer son décor et son ameublement apparaît. Mais finalement, on décide de refaire du château un lieu tel que Claude Gouffier, proche des humanistes de la Renaissance, l’a voulu : un cabinet de curiosités, composé de collections diverses.
C’est pour cela que chaque pièce du château est occupée par une ou plusieurs œuvres d’art contemporain, le tout représentant un ensemble appelé Curios & Mirabilia (curiosités et merveilles).
Bibliographie :
-BELIME, Magali ; MARTIN, Jean-Hubert ; MESLET, Jean-Luc. Le château d’Oiron. Paris : Centre des monuments nationaux/Ed. du Patrimoine, 2000. 63 p. ISBN : 2-85822-293-2 (br.)
-Le château d’Oiron et son cabinet de curiosités. Sous la dir. de Jean-Hubert Martin. Paris : Centre des monuments nationaux/Ed. du Patrimoine, 2000. 328 p. ISBN 2-85822-264-9 (rel.)
Commentaires (3)
1. anne 11/05/2010
Petite précision puisqu'on m'a posé la question: sur la façade réalisée par Cl. Gouffier, les termes ont disparu mais ils étaient dans les niches vides que l'on voit sur la façade.
bon courage à tous
2. Steve 11/05/2010
Les médaillons d'empereurs... sont les différents rois sous lesquels Claude a vécu (et pour qui il a travaillé) ?
3. Steve 11/05/2010
Et... la chapelle se trouvait où ? (et est-elle encore là, jme souviens plus :S et jretrouve pas sa trace dans mes photos).
Merci ^^