
Cathédrale Saint Julien du Mans
Renouveau et reconstruction gothique
Source: Michel BOUTTIER, La cathédrale du Mans, Éditions de la Reinette, 2000.
Les anges musiciens de la cathédrale du Mans, Éditions de la Reinette.
Jean-Marcel BUVRON, Luc CHANTELOUP, Philippe LENOBLE,
Le chœur:
Après les incendies de 1134 et 1137 le chœur de la cathédrale était en ruine. Ainsi dans la continuité de reconstruction, après la nef, c’est au tour du chœur d’être reconstruit. D’autant qu’avec les incendies les reliques de St Julien avaient été déplacées, il leur fallait donc un nouveau sanctuaire.
Après que le roi Philippe Auguste ait autorisé la destruction de l’enceinte romaine en 1217, la construction du nouveau chœur peut commencer en 1220. Le projet initiale plutôt modeste prévoyait entre autre une série de 13 chapelles rayonnantes de 10 mètres de haut. Mais rapidement l’équipe d’ouvriers ne semble pas être à la hauteur et l’argent manque pour continuer les travaux.
Tout change avec un nouvel évêque, Geoffroy de Loudun, car il finança largement les travaux de reconstruction. Il fit ainsi appel à une équipe de Normandie de bonne réputation. Ces ouvriers construisent donc des voûtes en ogive de 30 mètres de haut avec une volonté d’accorder ce chœur et la nef. Cependant, le poids des ces voûtes est trop important et la construction de contreforts et d’arc-boutants qui n’était pas prévu devient indispensable. Ces contreforts seront ainsi construits entre les chapelles rayonnantes. Le problème c’est que pour faire cela il a fallu murer certaines fenêtres, les contreforts s’appuyant à ces endroits. Cela provoque des protestations et le chantier est donc arrêter en 1245.
Une nouvelle équipe de Paris arrive en 1250, dirigée par Jean de Chelles célèbre architecte de l’époque. Il propose ainsi un ingénieux système pour régler le problème des arc-boutants : il les dédouble pour pouvoir supporter tout le poids des voûtes. Cela permet ainsi de sauver les fenêtres. En dédoublant les toits, il réussit également à gagner de la place dans l’espace du triforium créant ainsi un véritable mur de vitraux.
Enfin, en 1254 le nouveau chœur et son double déambulatoire est terminé et la nouvelle cathédrale est inauguré en avril lors d’une grande cérémonie.
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La Chapelle de la Vierge et les Anges Musiciens:
Cette peinture sur plafond est unique en son genre et en Europe. Il s’agit d’un concert céleste de 47 anges musiciens jouant des instruments de l’époque médiévale, sur un fond rouge liseré de vert sur les voûtes. On peut ainsi voir un ange avec une sorte de mandoline, un ange avec une cornemuse, un avec une harpe et plusieurs avec des partitions musicales. Dans le fond, un ange tient un échiquier c’est-à-dire un instrument à vent et à cordes méconnu du Moyen Age. Beaucoup ont également vu en cet échiquier l’outil de compte plus connu à cette époque et entretenu un certain mystère autour de cet ange qui selon eux cacheraient un trésor, mais ce n’est qu’une interprétation.
C’est l’évêque Gontier de Baigneux qui demande dans la deuxième moitié du XIVème sûrement à un artiste italien de peindre cette voûte de la chapelle axiale. On peut d’ailleurs remarquer son blason présent sur la voûte.
Il pensait ainsi que grâce à la musique notamment céleste l’âme humaine se rapprochait des cieux. C’est d’ailleurs à cette période que le chant grégorien se développe en France mais aussi en Europe.
Il faut toutefois faire attention, en effet les anges musiciens jouent le silence divin. Seules les voies de Dieu sont importantes et par la même impénétrables.
Le transept :
Cette partie est assez complexe à commenter car elle est à la fois vraiment différente du reste de la cathédrale et à la fois dans un esprit d’harmonie. Le transept fût reconstruit dès la fin du XIV ème mais à cause de la guerre de 100 ans et d’importants problèmes pour financer la reconstruction.
De plus cette reconstruction sans toucher au chœur récemment retravaillé était donc délicate et s’est faite par-dessus les bases plus anciennes. Ainsi en 1386, Jehan le Maszon dirige les opérations pour les travaux du côté sud. On peut un voir un grand mur aveugle brillamment caché par les orgues et surmonté à l’extérieur par une flèche.
Début XVème, en 1403, c’est Nicole de l’Ecluze qui continue les travaux avec le coté sud mais il meurt en 1420 et c’est donc Jean Dampmartin qui prend la suite et termine le travail en 1430.
Au final, le nouveau transept est plus lumineux, plus ouvert notamment grâce à la grande rosace et la galerie situé en dessous. Tous ces travaux ont été réalisés entre autres grâce à des fonds données par Charles VI après que St Julien ait « guéri » une crise de folie lors de son passage au Mans en 1392.